Voyageant dans l’austère chemin de ma vie, je les ai rencontrées.
Deux femmes endeuillées, deux sœurs fanées, et par la douleur éprouvées.
Dos à dos le regard perdu dans leurs horizons, elles partageaient la même mélancolie.
Diminuées par les combats de leurs passions, elles devaient mener un plus grand défi.
Des deux la plus âgée, semblait entourée d’un vent glacé. Ses yeux étaient vides de toute émotion, mais ses mains trahissaient son malaise, son impuissance face à la situation, et les larmes de glace gelées sur sa peau ne cachaient rien de sa rancœur destinée au Très Haut.
La plus jeune voyait son aura enflammée, écarlate et tempétueuse. Ses yeux marquaient la colère, lourde et dangereuse, et ses mains crispées par le chagrin cherchaient en vain une prise sur le destin. Mais cette force apparente n’était qu’un leur face à l’immensité de ses peurs, et les larmes en perles coulaient las d’une injustice perpétuelle.
Ainsi partageaient-elles le même combat, le défi à la mort, tremblaient de tout leurs corps, cherchant désespérément une réponse à leurs tourments. Ainsi regardaient-elles vers l’au-delà, à travers les aurores, pour maigre réconfort, trouvant au cœur du parent l’éternel soulagement.
Je me suis approché, ne sachant si elles me voyaient, je voulais les consoler, les ramener face à la vie, mais était-ce là ma place, entre le feu et la glace ? Pouvais-je soulager par des mots ce qui ne peut être réparé ? Pouvais-je effleurer leur peau sans peur de les troubler ?
Je pris enfin leurs mains et elles se retournèrent, les yeux plein de chagrin elles me remarquèrent, puis d’un premier pas prudent, je les tins plus fermement. Alors chemin faisant je les emmenais, reprendre la route de la destinée, car si rien ne peut être oublié, guérir ne se fait pas sans avancer.
Et c’est en silence que je fis le serment, pour que ma présence s’en porte le garant :
Qu’elles vivent ces souffrances, jamais je ne m’y résoudrai, et de tous les malheurs, je protégerai ces sœurs, je serai leur assurance pour un peu de félicité.
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