Les yeux d’Elena s’étaient fermés depuis bien longtemps mais le sommeil se refusait à la bercer de sa tranquillité. Son cœur se rappelait ces moments où elle ne s’endormait plus seule, ces instants si doux où les bras de son aimé lui assurait le bonheur simple de la sécurité et la tendresse d’une aura bienveillante
Cela faisait une année en cet hiver que Bran avait quitté ce monde, la laissant dans la plus totale et acerbe solitude. Elle l’avait décidé d’elle-même, elle ne voulait plus voir personne et depuis ce temps, ses pensées n’allaient plus que vers lui. Elle avait peur de l’oublier, peur de ne plus se souvenir de cet homme qui avait été tout ce qui comptait dans sa vie, mais pourtant déjà, son visage semblait s’effacer de ses souvenirs où le manque atroce de sa présence se mêlait à la peur de ne plus jamais se sentir entière maintenant que sa moitié l’avait quittée.
Se retournant sous les draps, elle rouvrit les yeux pour les poser sur le chapelet qui pendait sur le chevet, de l’autre coté du lit. Bran était croyant, très croyant, bien que n’allant pas souvent visiter les églises, mais sa foi, comme son amour pour elle, était inébranlable et rien n’aurait pu le détourner de sa ferveur pour son dieu. Elle-même, malgré ses doutes quant à l’existence d’un ciel transcendant, n’avait jamais essayé de lui faire changer de perception.
Soulevant les draps d’un soupir, elle finit par se lever avant de rajuster sa longue chemise de nuit en soie blanche et d’écarter quelques mèches de sa longue chevelure brune qui masquait ses yeux. Elle se dirigea vers la cuisine à la recherche d’un verre d’eau, espérant qu’apaiser sa soif aurait un effet similaire sur la quiétude de son sommeil. Bien des choses l’attendaient au dehors. Sa famille s’inquiétait et réclamait sa présence depuis des mois maintenant, mais elle ne voulait pas affronter le monde tant qu’elle n’avait pas vaincu ses propres cauchemars.
A présent servie, elle s’engagea de nouveau dans le couloir pour rejoindre sa chambre, mais une lueur s’infiltrant sous la porte l’arrêta. Elle ne se souvenait pas avoir allumé avant de sortir. A cette pensée, l’étrange lumière disparut et elle se demanda si elle n’avait pas rêvé
Une fois entrée, Elena s’assit sur le lit, se rappelant que Bran n’était pas derrière elle, l’attendant à moitié éveillé. Elle alla poser machinalement le verre sur son chevet quand elle s’aperçu que le chapelet qui ornait celui de son compagnon était maintenant disposé sur le sien. Elle le prit dans ses mains puis leva les yeux devant elle où des roses étaient suspendus dans l’air. Elle se sentait paralysée par la peur ne comprenant pas ce qui se passait et son regard scrutait chaque coin de la pièce dans l’espoir de trouver une explication quelconque, quand soudain une forte lumière envahit la chambre. Au centre de ce qui semblait être le cœur de ce halo lumineux se trouvait une ombre, une forme humaine mais ornée d’ailes complètement déployées. Elle se sentait fascinée et attirée par cette majestueuse beauté. Elle s’approchait et la forme venait à elle, de plus en plus proche, jusqu’à ce qu’elle puisse sentir l’odeur qui en émanait, le parfum de Bran. Prise de stupeur, elle eu un geste de recul mais Bran lui pris tendrement le bras et la retint. Ce contact, celui de sa peau sur la sienne lui fit monter les larmes aux yeux. Un mélange de torpeur et de bonheur retrouvé, le souvenir de ce qu’était le quotidien de sa vie avant le drame. Elena se savait quoi faire, elle voulait fuir ce qui ne pouvait être possible, mais en même temps, elle ne pouvait résister à la si forte attraction et à l’émotion la submergeant, de retrouver, même si ce n’était qu’un rêve, celui dont sa vie avait tant besoin. Bran la rapprochait de lui et elle pu enfin voir son visage. De ses yeux émanait la tristesse la plus sombre et la plus profonde qu’elle n’avait jamais vu et son sourire était aussi fragile et fébrile que pouvait l’être la réalité de sa présence ici. Ses lèvre s’entrouvrir et il prononça son nom » Elena ! »
Entendre sa voix fut de nouveau un choc et les larmes se mirent à couler de plus en plus nombreuses. « Oh Bran » dit-elle dans un sanglot « Es tu réel ? » Il la prit totalement dans ses bras et ses ailes commencèrent à se refermer sur elle également ; puis, approchant ses lèvres il lui répondit « Ton cœur te le dirait si ce que tu avais devant toi n’était pas l’être qui t’a le plus aimé ici bas ». Ne cherchant plus à douter, Elena enfouit sa tête dans son épaule et livra toutes les larmes qu’en une année elle n’avait pas toujours su garder. Bran l’écarta légèrement puis alla chercher ses lèvres avec les siennes pour lui offrir un baiser semblable à ceux d’un temps qui paraissait ancien mais bien plus puissant que tous les autres réunis. C’était le baiser de la délivrance, celui qui les liait à nouveau, elle se laissa aller à prendre la pleine mesure de ce cadeau et s’adonna complètement à ce plaisir charnel qu’elle avait presque oublié. Ses larmes coulaient toujours et elle se sentait faillir mais les ailes de son amant la retinrent de nouveau. Elles étaient douces mais fermes, à l’image de Bran. Son bonheur était plus fort que l’extase. Elle ne savait pas si elle devait croire ce moment réel mais elle ne recula pas et offrit d’amour tout ce qu’elle avait accumulé pendant tous ces mois. Elle finit par écarter ses lèvres pour reprendre sa respiration et Bran l’allongea sur le lit alors que les roses menaient une danse folle autour d’eux et que les draps flottaient au vent brassant l’air embaumé jusque dans ses cheveux. Bran était nu et débarrassa Elena de sa chemise sans un geste. Ils s’étreignirent alors et s’unirent pendant longtemps, se donnant avec la plus infinie des tendresses, milles fleurs célébrant leur amour et la lumière s’intensifiant à chaque seconde. Parfois dans son émoi, elle voyait et entendait autour d’eux des anges chantant pour leur félicité, ils avaient les yeux tournés vers le ciel et leurs voix emplissaient son cœur d’une émotion pure et sincère qui s’accordait à la magie des caresses et des baisers de son amant retrouvé
Elle ne savait pas combien de temps leur union avait duré, elle ne savait même pas si tout cela s’était réellement passé, mais quand la lumière du jour apparut à sa fenêtre et qu’elle ouvrit les yeux, elle était de nouveau seule. Tout cela n’avait donc été qu’un rêve, mais pourtant les sensations étaient si réelles. Elle ne voulait croire que ces instants magiques n’avaient été que le fruit de son imagination et les larmes envahirent ses yeux. S’asseyant au bord du lit, elle vit sa chemise de nuit étendue sur le sol et ce n’est qu’à ce moment qu’elle s’aperçu qu’elle était nue. Se baissant pour la ramasser elle vit sur le chevet ce qui ôta le doute de ses pensées : une rose et une plume nouées par le chapelet de Bran. Elle prit le tout dans ses mains, les posa contre son sein et leva les yeux en priant pour le salut éternel de son amant immortel.
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