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Histoire d’Eau 3 : Légende et destinée 24 juin 2017

Soufflant et haletant, dans la mémoire des anciens condamnés, il pleurait sur les pas de ceux qui forgèrent sa destinée, se racontant comment on lui avait appris, l’histoire de ce couple d’enfants qui par orgueil et crainte sans défi, ne purent jamais devenir amants.

Il criait sa peine, hurlait sa douleur, exaltait sa haine à se tordre le cœur, ses larmes se mourraient à ses pieds comme autant de rêves et d’espoirs empoisonnés.

Il fixait l’horizon cherchant sa détermination, espérant qu’il trouverait au loin, plus que des songes incertains, ses chimères de félicité et ses images adorées.

Devait-il croire qu’une légende ravivée l’emmènerait au panthéon des âmes sacrées ?

Il cherchait la reconnaissance quitte à ce que qu’on le pleure, jamais dans son enfance il n’avait crié ses heurts, mais aujourd’hui se disait-il, sa vie n’était qu’une île, entourée des larmes et du sang de tous ces combats qui l’avaient anéanti.

Existaient-ils vraiment ces deux cœurs souffrant jusqu’au désespoir ? Kaël mourant pour sa belle, Lialine s’offrant pour Kaël comme dans le chant du ménestrel, un requiem tant de fois entonné, en mémoire des enfants séparés, et qui pourrait être le sien, bien des années après.

La rive était la même que dans la chanson, brumes et mélancolie à l’unisson, fascinant son cœur, attisant son aura, apaisant ses peurs de son propre trépas.

L’amour, lui aussi avait voulu le vivre, il avait espéré naïf qu’un refus même brusque ne le prendrait pas à vif. Pourtant le sourire de sa dulcinée s’était meurtrit, et son cœur aussitôt déchiré avait dépérit.

Oui il la voulait, comme si elle était sa chair, comme si de ses poumons elle était devenue l’air, elle dans sa beauté angélique, avait su émerveiller son regard de piété. Rêveur devant ce rivage maudit, il criait son nom comme pour l’expulser de lui, mais la douleur était trop forte, voulant le ronger toute sa vie. Il n’avait pas la force d’aller au-delà, sentant son cœur s’arrêter sous ses pas, il s’arrêta puis tomba, regardant toujours devant lui, comme dans un dernier espoir abandonné, allait il mourir ici sans rien n’avoir accompli ?

Il baissa les yeux abattus, signe de reddition et de ses forces vaincues et vit le vide qu’était devenue sa vie. Dans sa course folle et effrénée il avait atteint le bord de la falaise, mais alors pris d’un malaise il ne pu continuer. Non son nom ne rejoindrait pas les flots, sa destinée ne serait pas racontée. Il avait rêvé faire une légende de son fardeau, comme son unique don à l’humanité.

Son seul péché d’orgueil avait été refusé, il n’était rien et devait le rester.

Ainsi les rêves auxquels on s’identifie jamais en nous ne se mystifient, s’il faut souffrir c’est que la vie l’a voulu et non un nouvel ornement pour un destin inconnu.

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Catégories: Oldies 1999 - 2004

Eternel amant 19 juin 2017

Les yeux d’Elena s’étaient fermés depuis bien longtemps mais le sommeil se refusait à la bercer de sa tranquillité. Son cœur se rappelait ces moments où elle ne s’endormait plus seule, ces instants si doux où les bras de son aimé lui assurait le bonheur simple de la sécurité et la tendresse d’une aura bienveillante

Cela faisait une année en cet hiver que Bran avait quitté ce monde, la laissant dans la plus totale et acerbe solitude. Elle l’avait décidé d’elle-même, elle ne voulait plus voir personne et depuis ce temps, ses pensées n’allaient plus que vers lui. Elle avait peur de l’oublier, peur de ne plus se souvenir de cet homme qui avait été tout ce qui comptait dans sa vie, mais pourtant déjà, son visage semblait s’effacer de ses souvenirs où le manque atroce de sa présence se mêlait à la peur de ne plus jamais se sentir entière maintenant que sa moitié l’avait quittée.

Se retournant sous les draps, elle rouvrit les yeux pour les poser sur le chapelet qui pendait sur le chevet, de l’autre coté du lit. Bran était croyant, très croyant, bien que n’allant pas souvent visiter les églises, mais sa foi, comme son amour pour elle, était inébranlable et rien n’aurait pu le détourner de sa ferveur pour son dieu. Elle-même, malgré ses doutes quant à l’existence d’un ciel transcendant, n’avait jamais essayé de lui faire changer de perception.

Soulevant les draps d’un soupir, elle finit par se lever avant de rajuster sa longue chemise de nuit en soie blanche et d’écarter quelques mèches de sa longue chevelure brune qui masquait ses yeux. Elle se dirigea vers la cuisine à la recherche d’un verre d’eau, espérant qu’apaiser sa soif aurait un effet similaire sur la quiétude de son sommeil. Bien des choses l’attendaient au dehors. Sa famille s’inquiétait et réclamait sa présence depuis des mois maintenant, mais elle ne voulait pas affronter le monde tant qu’elle n’avait pas vaincu ses propres cauchemars.

A présent servie, elle s’engagea de nouveau dans le couloir pour rejoindre sa chambre, mais une lueur s’infiltrant sous la porte l’arrêta. Elle ne se souvenait pas avoir allumé avant de sortir. A cette pensée, l’étrange lumière disparut et elle se demanda si elle n’avait pas rêvé

Une fois entrée, Elena s’assit sur le lit, se rappelant que Bran n’était pas derrière elle, l’attendant à moitié éveillé. Elle alla poser machinalement le verre sur son chevet quand elle s’aperçu que le chapelet qui ornait celui de son compagnon était maintenant disposé sur le sien. Elle le prit dans ses mains puis leva les yeux devant elle où des roses étaient suspendus dans l’air. Elle se sentait paralysée par la peur ne comprenant pas ce qui se passait et son regard scrutait chaque coin de la pièce dans l’espoir de trouver une explication quelconque, quand soudain une forte lumière envahit la chambre. Au centre de ce qui semblait être le cœur de ce halo lumineux se trouvait une ombre, une forme humaine mais ornée d’ailes complètement déployées. Elle se sentait fascinée et attirée par cette majestueuse beauté. Elle s’approchait et la forme venait à elle, de plus en plus proche, jusqu’à ce qu’elle puisse sentir l’odeur qui en émanait, le parfum de Bran. Prise de stupeur, elle eu un geste de recul mais Bran lui pris tendrement le bras et la retint. Ce contact, celui de sa peau sur la sienne lui fit monter les larmes aux yeux. Un mélange de torpeur et de bonheur retrouvé, le souvenir de ce qu’était le quotidien de sa vie avant le drame. Elena se savait quoi faire, elle voulait fuir ce qui ne pouvait être possible, mais en même temps, elle ne pouvait résister à la si forte attraction et à l’émotion la submergeant, de retrouver, même si ce n’était qu’un rêve, celui dont sa vie avait tant besoin. Bran la rapprochait de lui et elle pu enfin voir son visage. De ses yeux émanait la tristesse la plus sombre et la plus profonde qu’elle n’avait jamais vu et son sourire était aussi fragile et fébrile que pouvait l’être la réalité de sa présence ici. Ses lèvre s’entrouvrir et il prononça son nom  » Elena ! »

Entendre sa voix fut de nouveau un choc et les larmes se mirent à couler de plus en plus nombreuses. « Oh Bran » dit-elle dans un sanglot « Es tu réel ? » Il la prit totalement dans ses bras et ses ailes commencèrent à se refermer sur elle également ; puis, approchant ses lèvres il lui répondit « Ton cœur te le dirait si ce que tu avais devant toi n’était pas l’être qui t’a le plus aimé ici bas ». Ne cherchant plus à douter, Elena enfouit sa tête dans son épaule et livra toutes les larmes qu’en une année elle n’avait pas toujours su garder. Bran l’écarta légèrement puis alla chercher ses lèvres avec les siennes pour lui offrir un baiser semblable à ceux d’un temps qui paraissait ancien mais bien plus puissant que tous les autres réunis. C’était le baiser de la délivrance, celui qui les liait à nouveau, elle se laissa aller à prendre la pleine mesure de ce cadeau et s’adonna complètement à ce plaisir charnel qu’elle avait presque oublié. Ses larmes coulaient toujours et elle se sentait faillir mais les ailes de son amant la retinrent de nouveau. Elles étaient douces mais fermes, à l’image de Bran. Son bonheur était plus fort que l’extase. Elle ne savait pas si elle devait croire ce moment réel mais elle ne recula pas et offrit d’amour tout ce qu’elle avait accumulé pendant tous ces mois. Elle finit par écarter ses lèvres pour reprendre sa respiration et Bran l’allongea sur le lit alors que les roses menaient une danse folle autour d’eux et que les draps flottaient au vent brassant l’air embaumé jusque dans ses cheveux. Bran était nu et débarrassa Elena de sa chemise sans un geste. Ils s’étreignirent alors et s’unirent pendant longtemps, se donnant avec la plus infinie des tendresses, milles fleurs célébrant leur amour et la lumière s’intensifiant à chaque seconde. Parfois dans son émoi, elle voyait et entendait autour d’eux des anges chantant pour leur félicité, ils avaient les yeux tournés vers le ciel et leurs voix emplissaient son cœur d’une émotion pure et sincère qui s’accordait à la magie des caresses et des baisers de son amant retrouvé

Elle ne savait pas combien de temps leur union avait duré, elle ne savait même pas si tout cela s’était réellement passé, mais quand la lumière du jour apparut à sa fenêtre et qu’elle ouvrit les yeux, elle était de nouveau seule. Tout cela n’avait donc été qu’un rêve, mais pourtant les sensations étaient si réelles. Elle ne voulait croire que ces instants magiques n’avaient été que le fruit de son imagination et les larmes envahirent ses yeux. S’asseyant au bord du lit, elle vit sa chemise de nuit étendue sur le sol et ce n’est qu’à ce moment qu’elle s’aperçu qu’elle était nue. Se baissant pour la ramasser elle vit sur le chevet ce qui ôta le doute de ses pensées : une rose et une plume nouées par le chapelet de Bran. Elle prit le tout dans ses mains, les posa contre son sein et leva les yeux en priant pour le salut éternel de son amant immortel.

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Catégories: Oldies 1999 - 2004

Histoire d’eau 2 15 juin 2017

Le requiem des amants

La nuit était glacée et la mer déchaînée, Lialine épouvantée fuyait le courroux du ciel qui semblait s’abattre sur elle. Depuis la mort de Kaël, seule la mer arrivait encore à conjurer le mauvais sort ; elle se souvenait parfois de l’endroit où son père avait retrouvé ce petit corps inanimé que tout le monde croyait éteint. Chacun pensait qu’elle ne survivrait jamais au triste destin de celui qu’elle aimait, mais le temps fit qu’elle revint lentement à la vie.
A qui devait-elle la fin de Kaël ? Sa douleur serait elle éternelle ? A présent le temps n’était plus aux questions, elle naviguait entre les mers sur le radeau de son père tout en espérant que les étoiles de l’océan seraient pour elle une réponse a toutes les questions, qui depuis tant de temps enflammaient ses passions.
Les vagues par dizaines recouvraient le bateau et la peur surgit sur elle comme le vent sur les flots. Elle se retourna mais le rivage n’était plus à portée de vue, elle comprit alors qu’elle devait faire face à son destin que le temps était venue pour elle d’affronter l’inconnu. Elle regarda devant elle et cria aux cieux qu’elle rejoindrait Kaël dans son rêve merveilleux. Ses habits étaient trempés, son corps était gelé. Alors elle décida d’ôter ses vêtements et les offrit à la mer, comme le premier symbole de son départ de la terre : pureté du combat face aux éléments et premiers pas vers la fin du tourment. Elle était nue sur le radeau, le sang glacé par le vent qui courait sur sa peau. Elle oublia un instant ses peurs, forte du souvenir de Kaël dans son cœur, se redressa vers le néant scrutant l’horizon menaçant. Elle tendit ses mains vers le ciel implorant la lune de la conduire près de Kaël, elle offrait à la mer, son corps et son âme tout entière. Elle n’avait plus de regret, plus de souvenirs, plus d’intérêt, seul l’amour de son père l’empêchait encore, de plonger pour quitter son corps.
Pourquoi faut il choisir entre vivre et puis mourir, peut on vraiment détruire tout espoir de sourire ? Parfois la vie se dérobe sous nos pas, parfois la solution est cachée, et quand on ne pense plus avoir de choix, c’est que le rêve est brisé.
Lialine avait de peu échappé au drame de sa destinée, quand elle avait arrêté son cœur au visage de la terreur. La perte de Kaël l’avait bouleversée, pour elle toute voie était condamnée. Elle ne s’imaginait pas vivre sans lui, pour elle à jamais son cœur était détruit. Elle avait pris sa décision, n’écoutant que ses passions, elle allait rejoindre Kaël par la mer et pour le ciel. Alors son cœur à nouveau serein, le courroux des flots semblait éteint : la lune se reflétait sur l’immensité de l’océan, prêt à accueillir le corps de cette enfant. Lialine se releva doucement, prête à s’offrir aux éléments, puis se mit à chanter, laissant ses larmes couler. Elle chantait sa destinée, la voix douce d’une âme damnée, elle chantait pour son père, pour Kaël et pour la mer, le dernier chant d’une jeune âme, pleurant sur sa vie comme sur un drame. Mais à nouveau elle était sereine car bientôt s’effaceraient ses peines.
Puis vint la fin de son requiem, le début de la bohème. Elle se sentait partir, malgré tout elle souriait : dans les flots elle allait périr, retrouver l’homme qu’elle aimait.
L’histoire ne nous dit pas si les âmes se sont retrouvées, malgré tout le trépas un cœur de plus a absorbé, la légende raconte pourtant qu’après la colère des éléments, le cœur des marins est troublé par un chant triste et émouvant que l’on a depuis nommé « Le Requiem des amants ».

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Catégories: Oldies 1999 - 2004

Histoire d’eau 14 juin 2017

Il se promenait lentement le long du rivage, cherchant en vain ce que signifiait son âge. Il voulait savoir pourquoi enfant, il avait connu tant de tourment, et pourquoi aujourd’hui il ne pouvait accomplir sa vie. On lui disait qu’il suffisait dans ce monde qui l’épouvantait, d’avoir confiance en lui pour éclairer ses nuits. Il le savait et ne pensait pas manquer de courage, il exprimait parfois sa rage, mais jamais cela ne lui permettait de toucher celle qu’il aimait.

Il continua son chemin au bord de l’eau cherchant une solution dans les flots, mais les larmes arrivèrent sans prévenir, comme le souffle d’un délire dont l’origine restait un mystère, mais qui arrivait si souvent, qu’il ne fut pas surpris. Il arrêta de marcher. Il voulu se noyer. La tentation n’était pas rare, pour lui de sombrer au désespoir, mais il ne l’avait jamais fait, ne sachant pas s’il le devait. Mais cette fois, il n’y avait plus de choix : il se tint debout sur la rive, regarda un instant son reflet sur l’eau. Il se voyait déjà les yeux fermés, noyé dans cette eau glacée. Cette vision étrange, de son départ pour les anges, lui rappela le prénom de celle qu’il désirait tant : Lialine.

Pourquoi n’avait il jamais su lui dire à quel point il l’aimait ? Pourquoi avait il hésité ce fameux soir, à lui dévoilé son amour ? De toute façon, il était trop tard, tout retour serait dérisoire, elle ne l’aurait jamais aimé, n’éprouvant pour lui que de la pitié.

Il recula de quelques pas, certain de l’issu de son trépas. Il ne savait pas nager et les flots étaient déchaînés, le lac fourmillait de tourbillons et se voulait le reflet de ses passions : à la fois désordonné et sans issu, mais en même temps si beau dans la tranquillité éphémère. Il se jeta sans réfléchir, ne pensant plus qu’à mourir. Au moment où il allait atteindre le précipice, dans un dernier regard hors de l’abysse, il aperçut Lialine, elle était immobile et apeurée, la bouche ouverte, les yeux affolés. Mais pour lui, tout était fini, il flottait au bord du marais et la vie n’était plus en lui. Elle se précipita vers son corps dans l’espoir de faire fuir la mort, et malgré la force de sa volonté, elle ne put le ressusciter.

Elle le tira vers le rivage comme pour apaiser son naufrage et s’allongea sur lui dans les larmes de la nuit. Elle cria au ciel sa haine contre l’Éternel puis lui avoua tout bas qu’il était celui avec qui elle aurait voulu aimer la vie. Elle non-plus n’aura jamais su que leur amour était réel car l’émotion folle et meurtrière avait eu raison d’elle. Plus tard on découvrit, à la fin de la nuit, deux corps enlacés et inanimés, car privés d’avoir été aimés. On se souvint alors que l’amour doit durer toujours, qu’il doit être dévoilé sans quoi il peut tuer. Deux enfants peuvent s’aimer, deux amants peuvent se quitter, mais quand l’amour est caché, même la mort ne peut le retrouver.

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L’enfant de la forêt 7 juin 2017

Dans la claire forêt où les arbres dansaient, sur le sol humide de mousses intrépides, dans l’air vivifiant de la pureté d’antan, l’enfant apparut. Les yeux grand ouverts absorbants ces trésors, il vit le monde en vert comme la pureté de l’or.

Il s’enfonça souriant dans le bois plus profond, comme un roi envoûtant cherchant sa solution, il courrait maintenant vers le but de sa destinée puis erra un instant par la nuit apeuré.

Il disparut

Il revint tard un soir comme venant de nul part puis se remit à chercher comme de sa vie la clé, dans les troublants feuillages d’une forêt sans âge,  puis des voix réclamant son réveil l’enlevèrent à ces merveilles.

Bien au chaud dans son lit, il se rendormit.

On le revit alors chercher dans les cyprès, les sources d’un sort qui peut être le sauverait, il courrait librement comme jamais il ne l’avait fait, cherchant ce qu’un enfant ne devait espérer.

A nouveau la voix de sa mère le fit disparaître, ainsi que le jour naissant, survenu à sa fenêtre.

Quelques nuits passèrent puis l’enfant dans son sommeil troublé revint à la clairière sur son avenir veiller. Il courrait comme un fou sentant le temps le presser puis retrouva les loups dont il avait tant rêvé. Il s’approcha doucement de peur de les effrayer, son petit cœur battant d’une rencontre si préparée. Il fallut peu de temps pour qu’il soit encerclé et des loups le plus grand vint à lui pour parler. On ne su jamais ce qu’il lui disait car les arbres du haut de leurs cimes protégeaient jalousement cet échange si intime, mais l’enfant bouleversé se mit soudain à pleurer. Il voyait apparaître devant lui tant d’objets si familiers, de son fauteuil roulant à ses taies d’oreiller, les larmes de sa maman et ses rêves consumés, les mensonges rassurant sur l’obscure vérité et les boites de médicaments qui l’avaient décimé.

Une caresse rassurante vint à nouveau le réveiller.

Quand il revint, quelque chose dans l’air avait changé, comme si ses prières enfin s’étaient exaucées. Les loups l’attendaient cette fois pour le guider, et il les suivit lentement en cette nuit consacrée. Dans le silence latent, l’enfant sentait son avènement, comme un prince aurait été couronné, lui allait enfin être libéré. Il marchait solennellement dans les brumes de la nuit et ses jeunes yeux d’enfant s’ombraient de mélancolie.

Le groupe s’arrêta et les loups s’installèrent autour d’une stèle de bois, d’or et de pierre. L’enfant se mit à pleurer sans un bruit, comme pour apaiser sa dernière nuit. Il s’allongea sur la pierre formulant son ultime prière et les loups d’un hurlement le menèrent au firmament.

Dans sa lente traversée, il revit son passé, et la voix de sa mère sembla l’effleurer, même si cette fois il ne se réveillerait pas. Il sentit à travers les âges et le temps les larmes d’amour de tristesse et de soulagement tomber des yeux de celle qu’il aimait tant, mais elles ne pourraient le ramener à la vie car déjà loin il était parti.

Le bonheur n’est pas inhérent à la Terre et si ailleurs certains le trouvèrent, cette réalité est à méditer : les souffrances qui aujourd’hui nous font tort s’apaiseront toutes dans la mort.

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